Échappée en Haute-Provence : de Manosque à Briançon

Au fil de la Durance, cet itinéraire mène du pays de Giono jusqu’aux citadelles de Vauban, aux portes des Alpes. On y découvre de merveilleuses cités dont la rusticité se marie harmonieusement avec les façades colorées d’influence italienne. Le tout dans un environnement naturel exceptionnel. (Par Sandrine Moirenc)

Manosque, la cité de Jean Giono

Manosque, cité millénaire marquée par l’influence de son célèbre fils Jean Giono, se découvre en flânant dans son vieux centre, un dédale de rues et ruelles cerclées par un boulevard arborant deux portes médiévales. Les places et placettes rencontrées en chemin offrent chacune une scène particulière. Un véritable théâtre de vie qui a tant inspiré l’écrivain. On s’y infiltre par la rue Giono, déambulant d’échoppe en échoppe, appâtés par les fragrances de Provence. On se prélasse sur le parvis de l’église Saint-Sauveur, un chef-d’œuvre au style roman provençal. Ne manquez pas non plus la rue Droite bardée d’échoppes traditionnelles. Et le matin, allez faire un tour place de l’hôtel de ville pour découvrir les deux fiertés de Manosque : l’âme de son terroir sur le marché paysan, et les trésors de l’église Notre-Dame-de Romigier. Son autel est un sarcophage paléochrétien daté du IVe siècle. La Vierge Noire qui est exposée dans la niche est l’une des plus vieilles statues de vierge romane en majesté de la chrétienté, elle date du XIIe siècle. Ne manquez pas le centre Giono qui permet de découvrir la vie et les œuvres de l’écrivain.

Forcalquier l’indépendante

Situé entre le Luberon et la montagne de Lure, Forcalquier s’épanouit sur un territoire de senteurs, parmi les lavandes et les plantes aromatiques. Le bourg fut au Moyen Âge capitale d’un comté indépendant avant d’être possession des Comtes de Provence au XIIIe siècle. Dans son centre historique, elle garde encore les traces de ce passé prestigieux. Visitez sa cathédrale Notre-Dame-du-Bourguet. Elle s’impose comme premier essai de l’adaptation de l’art gothique sur les églises romanes provençales. Grimpez jusqu’à la citadelle, vous y trouverez la chapelle de Notre-Dame-de-Provence et l’un des très rares carillons manuels de la région se jouant à "coups de poing".

Digne-les-Bains, capitale de la lavande

Il est temps de remonter la Durance et bifurquer sur la N85 pour se rendre sur Digne-les-Bains. Capitale de la lavande et ville thermale, elle abrite également la réserve géologique de Haute-Provence qui propose nombre d’activités dans un site exceptionnel.

Sisteron, aux portes de la Provence

En reprenant le fil de la Durance, Sisteron n’est pas loin. Porte de la Provence, délimitant celle-ci du Dauphiné, les hommes en ont fait naturellement leur gardienne depuis les temps celto-ligure. Lumineuse citadelle entourée d’éminences rocheuses, elle offre une incomparable douceur de vivre juste au-dessus de la Durance. La forteresse consolidée jusqu’au XIXe siècle, entre fleuve et montagne, distille le charme de son vieux centre jusqu’aux rives de son plan d’eau. Empruntez les rues pour la découvrir : le quartier des notables, celui des paysans. Au Musée du Temps, allez contempler le pendule de Foucault et d’autres merveilles, puis remontez jusqu’à la citadelle pour vous initier au génie militaire et religieux. Profitez du panorama sur la Durance et le fameux rocher de la Baume tout plissé.

Gap, chef-lieu des Hautes-Alpes

Plus au nord, Gap, chef-lieu du département des Hautes-Alpes, constitue une étape agréable. La ville moderne s’émancipe sous la bienveillance des hautes montagnes et le vieux centre réserve de belles surprises. Piétonnier et articulé de petits passages et de rues traditionnelles, il mène jusqu’à la charmante place Jean Marcellin couronnée de terrasses ensoleillées. Si Gap s'enorgueillit d’être la ville la plus sportive de France, elle peut aussi revendiquer trois cents jours de soleil par an !

Le lac de Serre-Ponçon

Direction l’est maintenant, toujours en suivant la Durance jusqu’aux magnifiques eaux turquoise du lac de Serre-Ponçon, la plus grande retenue d’eau de France. Un site remarquable qui consacre une belle part aux loisirs en tout genre.

Embrun et son superbe patrimoine religieux

Au nord du lac de Serre-Ponçon, la cité d’Embrun est une belle étape aussi. Construite sur un piton de poudingue, l’histoire et Vauban lui ont conféré de magnifiques fortifications au XVIIe siècle. Ancienne cité épiscopale, elle abrite également un superbe patrimoine religieux. Partez à sa découverte dans ses rues gaies et colorées et n’oubliez pas les loisirs liés à son beau plan d’eau.

Mont-Dauphin, place forte de l’Unesco

Un peu plus haut, Mont-Dauphin est un véritable bijou du patrimoine, entièrement enclavée dans ses fortifications ! Construite par Vauban sur un emplacement stratégique, elle devait protéger, comme ses voisines, le royaume de France de toute intrusion italienne. Derrière ses puissants remparts de marbre rose, les habitants (140) ont investi les anciennes casernes des soldats du roi Louis XIV. Commencez par faire le tour des échauguettes, de la poudrière et de l’arsenal. Et puis laissez-vous prendre par la grandeur du panorama : les Écrins et les montagnes du Queyras vous tendent la main ! Tout en bas, le Guil embrasse la Durance.

Briançon, ville fortifiée la plus haute d’Europe

Dernière étape : Briançon, au carrefour de cinq vallées, qui s’enorgueillit de son honorable titre de ville historique et fortifiée la plus haute d’Europe. Citadelle que Vauban a rendue imprenable, elle s’épanouit dans un écrin de hautes montagnes, surlignée par le flot tumultueux de la Durance, un décor alpin absolument sublime ! Bastions, fausse braie, contregarde, demi-lunes… Ses impressionnantes fortifications, classées au patrimoine mondial de l’Unesco, se révèlent à vous au fil des courtines. À l’intérieur des remparts, les rues se parent de façades colorées, de cadrans solaires et de belles fontaines. La plus typique, c’est la Grande Rue bardée de maisons bourgeoises. Au Moyen Âge, la gargouille qui la parcourt permettait un apport d’eau en cas d’incendie. L’église des Cordeliers abrite aussi de belles voûtes gothiques et de superbes peintures murales. Depuis la porte d’Embrun, jetez un coup d’œil sur le jardin du Gouverneur, un admirable potager de simples et de vieux légumes. En face, la Maison du Parc National des Écrins abrite le Musée du Ski. Poursuivez vers l’est de la cité, pour atteindre le pont d’Asfeld, un ouvrage du début du XVIIIe siècle perché à 80 mètres au-dessus du lit de la Durance.