La Galice, au bout de la terre ibérique et celtique

Galicia, le nom résonne comme l’invite d’un voyage imaginaire, et pourtant la Galice existe bel et bien. Ceux qui l’ont côtoyée racontent ses similitudes avec la Bretagne, l’Irlande et sa voisine : les Asturies. Celtique, océanique, elle est pour les pèlerins de Saint Jacques l’aboutissement d’une quête épuisante. Mais elle est aussi très séduisante lorsqu’elle déploie les charmes de sa Côte Atlantique. (Par Didier Houeix)

L’Océan Atlantique comme entité incontournable

La Galice est au bout de la terre : Finisterre, Fisterra en galicien. Elle se mérite donc un peu cette terre celtique convoitée par des pèlerins qui, chaque année, par milliers, marchent vers Saint Jacques de Compostelle : plus de 500 kilomètres séparent Hendaye, à la frontière française, du cours d’eau qui marque la séparation entre la province des Asturies et celle de Galice, en l’occurrence l’estuaire de l’Eo flanqué de sa cité portuaire : Ribadeo. Ensuite il y a l’Océan Atlantique comme une entité incontournable, l’esprit des lieux en quelque sorte. L’oceano, parfois capricieux, n’en demeure pas moins le voisin naturel, omniprésent dans la vie des habitants de Foz et La Corogne. On s’y baigne encore fin septembre car le climat réserve de belles journées. Ici, loin du sud espagnol caniculaire, la météo est douce et les températures agréables. On y fait du surf aussi.

La Galice née de la main de Dieu

Une anecdote et vous allez comprendre combien la Galice, même dans ses légendes les plus populaires, ne peut faire abstraction de l’élément marin. Lorsque Dieu créa la Galice, elle était molle, faite de sable et de vase,  il décida alors de plaquer sa main dans ce magma. Ainsi naquit la ria de Corcubión avec son pouce, la ria Muros Noia avec son index, la ria Arousa avec son majeur, la ria de Pontevedra avec l’annulaire et la ria de Vigo avec l’auriculaire. Un coup d’œil attentif à la carte de Galice permet de remarquer ces bras de mer aux contours énigmatiques. Mais la route côtière, qui va Ribadeo à Barreiros, se joue des imperfections naturelles du front de mer rongé jour après jour par les agressions de l’océan. Elle laisse entrevoir la présence de falaises abruptes et de plages de sable fin parfois si blanc qu’il provoque de grandes touches de bleu turquoise dans le paysage.

La plage des cathédrales de Barreiros, fierté des Galiciens

Pouvoir admirer les arches naturelles de 30 mètres de hauteur de la praia das Catedrais, la plage des cathédrales, est un objectif à atteindre est à la fois simple et compliqué. Simple car il suffit de repérer l’heure de la marée basse et de descendre un escalier qui vous mène droit à ce décor naturel, surnaturel, qui fait la fierté des Galiciens. Mais c’est compliqué car des gardiens en filtrent l’accès. Lorsque la saison l’impose, il vous faut au préalable réserver sur Internet, montrer patte blanche et, sur l’écran de votre Smartphone, prouver que vous avez bien réservé vos places. Il s’agit pour les autorités locales de minimiser les risques d’accident, la plage ne peut se visiter qu’à marée basse, et sans doute de réduire l’impact de l’homme sur un site naturel fragile. Mais ces quelques petits soucis en valent la chandelle. Au pied de ces colosses, dans le décor féerique de ces arches d’un autre âge, l’expérience sera unique et le souvenir inoubliable. C’est clairement à couper le souffle !

Hórreo galego, emblèmes de la vie rurale galicienne

Nous quittons avec regret Barreiros, pour la deuxième plus grande ville de Galice : La Corogne. Sur le chemin, des dizaines d’hórreo galego égrainent la route. Ces greniers galiciens, parfois en bois, souvent en granit, isolés du sol par quatre, six ou huit pieds, permettent de stocker et de protéger les récoltes de grain des rongeurs et de l’humidité. Très vieux ou récemment construits, en bon ou mauvais état, de bon ou de mauvais goût, ils sont avec certitude l’emblème de la vie rurale galicienne, au point d’être protégés désormais par un décret national. Les plus longs font 30 mètres, les plus hauts près de 8 mètres.

À La Corogne on s’amuse

À La Corogne, c’est la Tour d’Hercule, phare haut de 55 mètres, qui se dresse fièrement à l’entrée d’une immense baie sur laquelle naviguent bateaux de pêche, cargos et paquebots. Car ici la vie tourne autour de la mer, et pour cause la mer encercle la ville de tous côtés. Petite en surface : 36 km2, A Coruña n’en demeure pas moins la deuxième ville de Galice après Vigo. Et comme on adore se charrier entre cités (le galicien aime la répartie) savez-vous ce que l’on dit du côté du quartier populaire de Los Mallos et d’ailleurs ? À Santiago de Compostela on prie, à Vigo on travaille, à Pontevedra on fait la sieste et à La Corogne on s’amuse, on fait la fête. Partez à la découverte de cette cité portuaire en transports en commun, en taxi, peu onéreux, ou avec vos deux jambes. Le bus vous mènera sans doute place Pontevedra, sorte de terminus. Ça grouille de partout, la ville bouge, vit. Ici c’est Zara le moteur : le groupe auquel appartient la célèbre marque de vêtements paie ses impôts à Arteixo, siège de l’empire Inditex. Le matin, si l’envie vous prend d’un excellent café, voire d’un succulent chocolat, rendez-vous chez Bonilla A La Vista au 52, calle/rua Galera, c’est le café-chocolaterie qui respire l’esprit de La Corogne. Et n’oubliez pas de commander des churros avec votre boisson.

Tout à l’ouest de la Galice

Au jardin de Méndez Núñez, saluez Emilia, comtesse de Pardo Bazán, écrivaine de La Corogne célèbre pour ses romans naturalistes. La nature, la mer, la ville, tout est à La Corogne. On y respire l’air du large et surtout il n’y a pas de magasins de souvenirs. C’est une ville normale qui n’a pas vendu son âme au tourisme de masse. On y vient pour se détendre, fouler au pied d’Hercule une surprenante rose des vents celtique, et déambuler au milieu de ces pierres dressées, menhirs contemporains sculptés en hommage aux anciens peuples de Galice et aux victimes de la guerre civile. Car à La Corogne, comme partout en Espagne, ce conflit a laissé des traces et de pénibles histoires à entendre comme celle des massacres de prisonniers républicains fusillés par les sbires de Franco sur la praia das lapas au pied du phare. Mais s’il est un lieu dédié à la promenade c’est bien l’Avenida de la Marina avec ses galeries de fenêtres blanches qui prennent la lumière par centaines et éblouissent le visiteur. Après ce coup de chaleur, rien de tel que la terrasse d’un bar de la plaza Maria Pita (place de l’hôtel de ville) pour y déguster tranquillement la bière locale : Estrella Galicia, une institution dont la brasserie fonctionne de jour comme de nuit. Ici, tout à l’ouest de la Galice, l’océan décide pour l’homme et non l’inverse.

Saint Jacques de Compostelle, un des trois grands pèlerinages de la chrétienté

Le va-et-vient de navires quittant le port contraste avec le ballet des pèlerins chargés comme des mules qui entament, épuisés, le long de la rua da Volta do Castro, les trois derniers kilomètres montants qui les séparent de la ligne d’arrivée. Car à Santiago, la cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle est l’élément clé de la cité. Depuis le début du XXIe siècle, 200 000 à 300 000 pèlerins arrivent chaque année dans la cité sainte, place de la cathédrale, où s’achève leur marche. Pourquoi Saint Jacques ? Parce qu’elle est désignée comme l’un des trois grands pèlerinages de la chrétienté avec Rome et Jérusalem. Dans l’édifice seraient conservés les restes de l’apôtre Jacques. Sa statue fait l’objet d’un véritable culte. Ainsi tôt le matin, une interminable enfilade de personnes attend de pouvoir embrasser et toucher le dos de cette statue. Partis du nord de la France, des montagnes basques ou de Bretagne, les pèlerins convergent tous (pour ceux qui vont au bout) vers ce sanctuaire. Malheureusement, pour d’autres touristes excités descendus des cars, ce lieu de recueillement est devenu un lieu d’attraction. Pour remédier à cela on a bien pensé faire payer l’entrée de la cathédrale, idée lucrative mais impossible car les habitants de Santiago de Compostela y viennent toujours à la messe.

À Santiago, la vraie vie est ailleurs

Quittez la foule, l’agitation et les tarifs exorbitants des restaurants à proximité de la cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle car à Santiago la vraie vie est ailleurs. À seulement quelques ruelles, du côté du mercado des Abastos, les halls à viandes, à poissons et légumes de Santiago, et Plaza de San Fiz de Solovio où vous trouverez votre bonheur en tapas, calamar, pouce-pied, poulpe et vin de pays. Il est là le quotidien des habitants de Santiago et de ses étudiants dont les universités et facultés très réputées ont permis à la cité de conserver ses lettres de noblesse.

Castro de Baroña, sorte de Machu Pichu espagnol

Retrouvez les puissances de la nature et de l’océan au Cabo Fisterra, le Cap Finsiterre. Là où des pèlerins jusqu’au-boutistes marquent cette ultime étape du pèlerinage de rites initiatiques : dans des foyers improvisés, on brûle ses chaussures pour oublier le mal des ampoules, la fatigue des kilomètres et surtout on obtient le tampon qui remplira la dernière case du Credencial, précieux carnet du pèlerin. Notre quête à nous continue jusqu’à un lieu étonnant : les ruines du Castro de Baroña, un village fortifié au bord de l’océan. Les cercles de pierre traduisent l’existence d’une très ancienne cité, sorte de Machu Pichu, dans le décor féerique d’une plage abandonnée. Un moment rare qui traduit la vraie beauté de cet incroyable territoire qu’est la Galice !

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