La Roche d’Ully, un camping éco-responsable

Camping intercommunal en Délégation de Service Public, La Roche d’Ully est une jeune entreprise qui entame sa neuvième saison. Confié à Etienne et Céline Pascal, le camping est résolument tourné vers le respect de l’environnement et les économies d’énergie. On y accueille des campeurs qui peuvent jardiner, faire du sport, mais aussi se cultiver dans cette région fortement imprégnée d’histoire. (Par Antoinette de Prévoisin)

Nature, sport et culture

Située dans la vallée de la Loue qu’encadre un défilé de moyennes montagnes rocheuses, la gracieuse ville d’Ornans se présente comme l’une des principales destinations touristiques du département du Doubs. Nous sommes en Franche-Comté dans le massif du Jura, territoire chargé d’histoire, empreint de culture celte et taillé pour les sportifs. Traversée d’est en ouest par la rivière de la Loue, Ornans attire les pêcheurs à la mouche, les amoureux d’esthétique architecturale et les amateurs du peintre Gustave Courbet. "Il y a tellement de bonnes raisons de venir ici qu’il a fallu choisir sur quels axes communiquer" remarque Etienne Pascal, gérant du camping Sites & Paysages La Roche d’Ully. Ce camping quatre étoiles est une délégation de service public (DSP) qui lui a été confié dès sa création en 2009 pour une durée de 12 ans. Avec son épouse Céline et sa petite équipe de six personnes en haute saison, il façonne peu à peu ces trois hectares de terrain dans une logique poussée de préservation de l’environnement. C’est donc naturellement qu’ils choisissent la nature, le sport et la culture comme axes de travail pour cibler leur clientèle.

Dynamiser le tourisme local

Le camping La Roche d’Ully est situé à l’extrémité est d’Ornans sur un terrain plat, vaste et dégagé où l’on peut admirer le paysage montagneux qui l’entoure. Ici, un sentiment d’espace et de calme s’impose au visiteur. Le camping fait partie d’un projet municipal de développement d’infrastructures de loisirs qui a vu le jour en 2009 et auquel appartient également le complexe aquatique Nautiloue avec piscine intérieure, espace bien-être, bassin extérieur, toboggans et solarium. Un équipement qui entre dans les prestations proposées par le camping, mais dont ce dernier n’a pas à s’occuper. Il gère simplement les cartes d’accès gratuit pour les campeurs. Cependant, le temps que passent les campeurs à la piscine est facturé au camping. En d’autres termes, plus ils y restent, plus ils coûtent cher au camping. Autour se trouve un immense terrain avec parking aménagé pour recevoir les gros événements sportifs ou culturels. En somme, le camping est né de la volonté de l’équipe communale de dynamiser le tourisme local, une énergie à laquelle s’associent pleinement Etienne et Céline Pascal.

Candidat à la gestion d’un nouveau camping

Ces derniers sont arrivés à Ornans en 2002 quand ils achètent le seul camping de la ville : Le Chanet, un terrain de moins de 100 emplacements situé au sud-ouest d’Ornans. Quand le maire d’Ornans demande à Etienne Pascal son avis sur la création d’un camping municipal, ce dernier voit le projet d’un très bon œil mais conseille avec insistance qu’il soit géré en DSP (Délégation de Service Public). "Ce projet m’intéressait car notre camping était complet au 15 juillet alors qu’il y avait encore de la demande. Et puis notre terrain étant en pente, on ne pouvait pas accueillir les très grandes caravanes et grands camping-cars. Ce nouveau camping municipal pouvait donc compenser nos limites. Mais ce que je souhaitais, c’était qu’il y ait des professionnels aux manettes de ce terrain pour avoir une vraie concurrence qui tire l’hébergement touristique vers le haut" précise Etienne. D’ailleurs ce projet l’attire et il répond à l’appel d’offre. Sa candidature est retenue au même titre que celle d’un autre professionnel avec lequel il s’associera pendant un an. "Je me retrouve donc avec deux campings à gérer et l’idée de mutualiser le personnel. Mais nous finissons par nous essouffler et décidons de vendre Le Chanet en 2014 afin de mieux nous consacrer à La Roche d’Ully et l’en imprégner de notre touche personnelle".

De la toile, du bois et de l’atypique

Lorsque le camping leur est confié en juin 2009, il est classé 3 étoiles, compte 106 emplacements, un bloc sanitaire flambant neuf et un bâtiment vide qui abrite l’accueil et le restaurant. Charge au nouveau délégataire de l’équiper dans un timing serré. Le couple investit dans les meubles, mais également dans ses premiers hébergements locatifs. Il installe quatre j    rs toilées fabriquées par BB Concept, entreprise franc-comtoise voisine. "Il nous fallait des hébergements abordables financièrement et surtout novateurs. Ça nous a permis de lancer immédiatement l’activité" précise Etienne. De fait, La Roche d’Ully réalise un premier chiffre d’affaires de 40 000 euros. La deuxième année, celui-ci fait plus que doubler grâce à six lodges toilées supplémentaires et un référencement dans les principaux guides européens (ANWB, ACSI, ADAC, Michelin). Des chalets Gitotel viennent compléter l’offre d’hébergement, puis des O’Hara KeyWest, mobil-homes nouvelle génération avec bardage en bois. "On ne parle pas de mobil-home dans notre communication, mais de chalets ou de cottages. On a choisi O’Hara parce que c’est la seule marque à jouer la carte Iso 14001. C’était important pour nous qui voulions obtenir les labels écologiques". Les années passant, les lodges toilées sont améliorées et décorées par une artiste peintre. Et cette année, deux nouvelles locations atypiques ont fait leur entrée sur le terrain : la cabane des fées, un modèle unique et très original tout en bois avec ses fenêtres de travers et son toit tendu vers le ciel. Mais également un hébergement en forme de barrique, clin d’œil aux nouvelles plantations de vignes qui commencent à émerger sur les coteaux et qui vient rappeler que le territoire était chargé de vignobles au XIXe siècle. À ces hébergements en dur s’ajoutent quelques tentes médiévales montées dès l’ouverture du camping, puis démontées à l’automne.

Nouvelle politique touristique

Le camping adhère également à la chaîne Kawan pendant deux ans, puis se tourne vers la chaîne Sites & Paysages dont les actions de plus en plus éco-responsables séduisent Etienne. Le camping devient notamment refuge LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) sous l’impulsion de Sites & Paysages. "Ce camping était en devenir, il lui fallait l’aide d’un relais car seuls, on ne peut pas s’en sortir. Le référencement et le contact client sont primordiaux". Côté restaurant, Etienne embauche d’abord un cuisinier avant finalement de mettre ce service en gérance. L’activité continue de croître d’année en année au point de réaliser en 2016 un chiffre d’affaires de 300 000 euros. "Il nous aura fallu cinq ans pour lancer vraiment le camping. Aujourd’hui on a enfin une clientèle qui se passe le mot". Un tournant qui coïncide d’une part avec le passage de la gestion de deux à un seul camping, mais également avec les effets positifs de la nouvelle politique touristique de la ville. L’office de tourisme communique enfin en trois langues, le Musée Courbet, qui était au ralenti, a entièrement été refait et présente des expositions temporaires qui attirent près de 70 000 visiteurs par an. "Le musée a vraiment été un déclencheur pour Ornans sur le plan touristique". Il attire notamment une clientèle culturelle qu’Etienne cherche à séduire avec ses hébergements locatifs haut de gamme autour desquels il offre un vrai service hôtelier.

Retour des touristes étrangers

Si la clientèle qui l’a aidé à démarrer fut plutôt locale, Etienne cherche dès le début de son activité à attirer les Néerlandais qu’il connait bien et fait appel à Pharos Reizen, le tour-opérateur de l’ANWB, un partenaire aujourd’hui important. Le camping se tourne aussi vers la Suisse et l’Allemagne, pays les plus proches qui drainent une clientèle sportive. "La clientèle suisse est très importante pour nous. C’est la première pour les week-ends de printemps". Il s’oriente ensuite vers des tour-opérateurs plus classiques comme la France du Nord au Sud à qui il donne cependant peu de stock. "Tous ces partenaires ont été un tremplin. On leur donne du chiffre et ils nous apportent la notoriété et la visibilité extérieure. Bien sûr, il faut faire attention à leur emprise, mais c’est notre boulot de les obliger à rester dans un cadre précis". Et cette année, le camping est référencé Tourisme et Handicap, "un argument supplémentaire pour toucher une clientèle qui a beaucoup à partager".

Une vingtaine de nationalités différentes

En tout, c’est une vingtaine de nationalités différentes qui viennent camper chaque année à La Roche d’Ully. "Cela est dû aussi à la particularité d’Ornans, à la fois ville touristique, sportive et culturelle" remarque Etienne. Chaque année se déroule notamment L’Extrême sur Loue début octobre, un marathon en VTT d’envergure internationale. "Un événement parfait pour finir la saison !". Les virages de la vallée de la Loue sont aussi très connues des motards. Grimpeurs, amateurs de canoës, randonneurs… il y en a pour tous les sportifs. Sur le plan culturel, l’histoire franc-comtoise est bien particulière. "On a été espagnols, bourguignon et même envahis par les Suédois pendant 30 ans. Il y a des châteaux forts et des tunnels partout puisqu’il fallait se défendre. C’est aussi un haut lieu de la résistance française" raconte Etienne, passionné d’histoire. Et tous les deux ans, Ornans reçoit le rassemblement des Indiens d’Amérique, un véritable Pow Wow qui attire 10 000 personnes pendant une semaine fin juin, excellent pour démarrer la saison ! "Ce sont aussi des personnes en quête d’authenticité, très proches de la nature et de notre philosophie".

En quête d’une clientèle "bio"

Au camping La Roche d’Ully, l’approche est écologique au sens premier du terme. "Tous nos produits de nettoyage des sanitaires ou d’entretien des espaces verts sont naturels. Nous n’utilisons rien de chimique" précise-t-il. Des arguments qu’il met en avant sur des salons étiquetés bio comme Marjolaine ou encore Vivre autrement. Le camping est également référencé sur des sites comme Bio et Compagnie. "Nous avons maintenant une clientèle française bio que l’on adore. Elle vient plutôt en basse saison et contribue à entretenir notre jardin participatif. Les gens peuvent cultiver et se servir. Nous voulons des gens qui s’intéressent à ce qu’on leur propose. Ceux qui viennent juste pour consommer, on préfère s’en passer". De fait, les campeurs de la Roche d’Ully viennent pour la nature et le sport. "À 7h30 le camping est déjà une fourmilière. Les gens se préparent pour leur activité de la journée et à 9h, il n’y a plus grand monde sur le camping". Le camping propose tout de même des activités. Les enfants ont un atelier bricolage le matin. Ils recyclent notamment les bouteilles en plastique et réalisent des lampions ou des cabanes à insectes. L’après-midi est consacré à des loisirs tels que le tir à l’arc, les balades en forêt, à dos d’ânes, les sorties en trottinettes électriques… Le soir sont organisés des lotos, quizz, spectacles préparés par les enfants, soirées musicales.

Apprendre à économiser l’eau et l’électricité

L’an dernier, le camping a obtenu l’Ecolabel après s’être mis en accord avec les critères d’obtention, notamment celui de communiquer davantage sur l’importance de faire attention à la consommation d’eau. "Nous avons donc mis des affichettes partout dans le camping. Bien sûr, nous avions réglé nos robinets pour qu’ils soient bien en dessous des 6 litres par minute. Et bien, à périmètre égal de clientèle, nous avons fait 2000 euros d’économie. Juste en parlant davantage. Parler d’écologie, c’est parler d’économie. Nos entreprises ont besoin de ça pour survivre. Après tout, on est là aussi pour gagner notre vie" analyse Etienne. Et la bataille de la saison 2017 sera celle de l’électricité. "Il faut qu’on apprenne aux gens à éteindre les lumières et ne pas mettre du chauffage pour rien". L’idée d’Etienne est d’installer un compteur à chaque hébergement et de faire le relevé au début et à la fin du séjour de chaque famille. "On sait combien consomme en moyenne une famille par semaine. Donc si les clients sont dans la norme, on leur dit que c’est bien. S’ils sont en dessous, on leur dit que c’est très bien et on leur offre un petit cadeau. S’ils sont au-dessus, on leur dit qu’ils consomment trop et qu’ils doivent faire attention. Il ne s’agit pas de les sanctionner, mais de les sensibiliser". Etienne se donne deux ans pour tester son dispositif auprès de sa clientèle. Mais l’idée de faire payer un supplément électrique n’est pas loin. Elle vient d’une expérience de séjour en location en Ecosse, pays dans lequel la fourniture d’électricité n’est pas simple. L’électricité ne fonctionnait que grâce à une carte utilisable jusqu’à une certaine quantité. "Si on surconsommait, il fallait racheter une carte pour finir le séjour". Passer l’Ecolabel leur a aussi permis de se rendre compte que dans certaines de leurs locations, il y avait encore des ampoules à 40 watts pendant que les autres étaient à 4 watts. "C’est juste dix fois plus !"

De la terre à la terre

Les fruits de la terre et leur rythme naturel ont aussi droit à une attention particulière. Ainsi, le camping encourage ses visiteurs à user du compost mis à leur disposition. "Les clients disent qu’ils savent faire, mais en réalité, il faut toujours insister pour qu’ils s’en servent, sinon le compost reste vide !" raconte Etienne qui prévoit de mettre davantage de composteurs. Et dans les hébergements, plusieurs poubelles sont prévues pour faciliter le tri. Pour transmettre leur fibre écolo, Etienne et Céline sensibilisent et forment leurs deux animateurs néerlandais envoyés par la société néerlandaise Team4Animation. "Nous avons aussi des intervenants extérieurs comme Pierre qui a une ferme bio un peu plus loin. Il nous fournit les plants tous les ans et fait quelques interventions". Et avec les nombreux pommiers du camping, les gérants récoltent entre 300 et 600 kilos de pommes par an avec lesquelles ils font leur jus de fruits. "On dit aux clients de se servir, mais ils n’osent pas. Donc on cueille les fruits, on les met à l’accueil et on laisse tout en libre-service, tout comme les légumes de notre jardin pédagogique. Les semences viennent de chez Kokopelli ou bien des Jardins de Sauveterre. On récupère les graines des tomates. Certains campeurs découvrent ainsi que les tomates ne sont pas obligatoirement rouges, mais qu’elles peuvent être noires, jaunes, vertes et mangeables !". Dans trois ans, la DSP prendra fin, mais Etienne et Céline espèrent qu’elle sera renouvelée. "D’autant plus que le camping a une possibilité d’extension sur laquelle nous aimerions réaliser un projet totalement éco-responsable avec panneaux solaires, récupération d’eau, toilettes sèches et de très grands emplacements de 300 m2 sans vis-à-vis. Un camping qui s’auto suffit, qui s’auto alimente…".

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