Le camping à la ferme, retour aux vraies valeurs

La campagne est devenue la deuxième destination touristique derrière la mer. En créant des structures d’hébergement et des animations autour de leurs métiers, les agriculteurs contribuent au développement du tourisme en zone rurale. Ainsi, le camping à la ferme qui apparaît comme une terre privilégiée pour les courts séjours séduit une clientèle familiale pour ses animaux, mais aussi de seniors pour son calme et son cadre authentique. La recherche des choses simples rejoint la notion même de « camping », comme nous le raconte les exploitants des quelques bonnes adresses que nous avons sélectionnés. (Par Annabelle Le Doledec)

L’accueil paysan

Exit les vieux clichés sur le camping à la ferme. La fermière en tablier avec sa coiffe et ses sabots de bois n’est plus ! Qu’il soit exploitants agricoles en activité comme la majorité des gérants de camping à la ferme, ou anciens citadins qui ont tout quitté pour changer de vie, ils semblent tous animés par la même envie de faire mieux connaître le milieu rural et ses produits fermiers. Que l’exploitant soit éleveur, céréalier ou viticulteur, il se doit de proposer des animations, des visites guidées et même des initiations pour faire découvrir son métier. Au-delà du côté pédagogique, certains communiquent leurs opinions écologiques et n’hésitent pas à faire déguster les très appréciés produits bio. Afin de mieux se former et d’assurer leur promotion, la plupart d’entre eux sont affiliés à des fédérations, parmi les plus connus « Bienvenue à la Ferme », « Gîtes de France » et l’« Accueil Paysan ». À travers des associations comme l’« Accueil Paysan » les passionnées viennent en aide aux pays sous-développés. À la tête de petites exploitations, ils ont bien souvent développé un accueil à la ferme avec peu de moyens. Ils montrent l’exemple en accueillant des fermiers venus d’Afrique ou du Brésil. C’est grâce aux formations d’accueil dispensées par les fédérations que l’agriculteur des temps modernes devient multilingue et se donne les moyens de restaurer son corps de ferme ou de faire pousser l’herbe plus verte. Aujourd’hui tous les campings à la ferme sont en mesure de proposer des sanitaires et des hébergements aux normes. Un camping à la ferme aménage au maximum 6 emplacements dont la surface minimum doit être de 150 m2. L’équipement du terrain doit comprendre au minimum un poste d’eau potable, une salle d’eau, un wc, une poubelle, un système de branchement électrique basse tension pour les caravanes et un abri couvert. Bien souvent, les exploitants mettent à la disposition des campeurs une ou deux salles aménagées pour la détente ou les travaux ménagers utilisables en cas de pluie. Pour satisfaire tous les clients, ils proposent aussi parfois d’autres formules d’accueil en gîte, en chambre d’hôte ou sur une aire naturelle de 25 emplacements. Les passionnés créent même des fermes auberges ouvertes à l’année pour compléter leur offre. De quoi séduire une clientèle variée, surtout familiale.

Tous à la ferme

Le camping à la ferme touche une clientèle variée. Il attire surtout les familles qui veulent faire découvrir le milieu rural à leurs enfants. Quoi de plus instructif qu’une leçon en plein air dictée par l’éleveur ? Les fermes pédagogiques se sont spécialisées dans l’accueil des enfants. Le travail de la terre, le jardinage, les produits bio, le nourrissage des animaux et la récolte des fruits sont autant de sujets abordés. Quelques travaux pratiques à l’étable, à la bergerie ou sur le tracteur auront bien mérité un goûter sous les arbres fruitiers ! Autant dire que les plus jeunes n’auront pas besoin d’insister davantage pour donner envie à leurs parents de venir faire un stage à la ferme. Les jeunes couples et les seniors qui privilégient la philosophie que véhicule le séjour à la ferme recherchent avant tout le calme. C’est le côté contemplatif à la découverte des métiers ruraux et du bio qui prime. Au-delà de la quiétude des grandes prairies qui inspirent la douceur de vivre, le campeur appréciera les grands emplacements et le contact simple et naturel avec l’habitant. Ces échanges privilégiés ont contribué à changer peu à peu la vision du monde agricole et du tourisme en milieu rural. Comme s’il faisait partie de la famille, le voyageur peut accompagner l’agriculteur à la pêche, à la chasse et même participer au travail de la ferme en pleine saison. Ainsi qu’il s’agisse d’un renseignement sur les métiers agricoles, d’un conseil de jardinage ou même d’une recette, il retire quelque chose de son séjour. La bouteille de cidre et le pot de confiture en prime. Ce besoin de retour aux sources est vite comblé par des choses simples comme camper à l’ombre des pommiers en fleurs ou se faire livrer les croissants par l’âne du fermier. Pour l’ambiance, il suffit de faire trotter quelques poules et un âne en liberté. C’est finalement la simplicité et les valeurs du camping d’antan que le campeur recherche aujourd’hui. Tant qu’il y aura des agriculteurs authentiques pour servir les œufs au lard, le jambon de pays et le bon lait frais, le camping à la ferme ne manquera jamais d’adeptes !

Les campeurs cherchent à comprendre notre quotidien d’exploitants

Hélène Sauvaire et son mari sont céréaliers, éleveurs d’ovins et producteurs de fruits bio et de lavande à Saint-Jurs dans les Alpes-de-Haute-Provence. En 1983, ils ont créé l’aire naturelle de la Ferme de Vauvenière et 4 gîtes suite aux réclamations des visiteurs : « C’est agréable d’héberger des voyageurs qui cherchent à comprendre et participer à notre quotidien d’exploitants. Nous leur expliquons la transformation de la marchandise brute en produits dérivés. Après une balade sur nos 35 hectares de lavande du Lavandin, nous les conduisons dans une distillerie voisine où est élaborée l’huile essentielle. Elle est embouteillée à la ferme avant d’être vendue aux courtiers ou dans notre magasin. La gastronomie, les recettes de grand-mère et la dégustation de produits du terroir font partie du séjour ».

Le contact humain compte beaucoup dans les métiers agricoles

En 1992, Chris Claus et son mari ont quitté la Belgique pour reprendre une vieille ferme abandonnée en France. Éleveurs d’ovins et producteurs de fruits, ils vivent entourés d’animaux à la Ferme de Simondon à Plats en Ardèche : « Mon mari et moi étions directeur des ressources humaine et professeur en bureautique. C’est pour fuir le stress quotidien que nous avons décidé de changer de vie. Devenir éleveur est venu naturellement, c’était par ailleurs un vieux rêve. Ceci explique pourquoi nous faisions déjà l’animation avec les chèvres naines que nous possédions dans notre ancien lotissement. Passer de cadre à paysan n’a pas été facile financièrement, mais nous avons repris les 30 hectares sans se poser de questions. Aujourd’hui nous avons près de 9 ânes, 45 ovins et des arbres fruitiers, tels abricotiers, figuiers et cerisiers, dont nous vendons les fruits frais, les jus et les confitures. Le contact humain compte pour beaucoup dans les métiers agricoles. Pour cette raison, nous avons ouvert une aire naturelle de 25 emplacements en 1999 et des gîtes dans nos bâtiments restaurés. C’est toujours entourés de nombreux enfants que nous faisons la visite de la ferme et le nourrissage des animaux. Nous organisons même des anniversaires sur demande ».

L’heure de la traite est un moment privilégié

Agriculteur céréaliers, éleveur de poulets et de bovins à Clinchamps-sur-Orne dans le Calvados, Christine et Jean-Luc Bouché ont créé le Camping du bout de la ville pour faire découvrir leurs produits du terroir normand : « Mon épouse et moi sommes campeurs. C’est en rachetant un terrain de 5000 m2 à proximité de la ferme que nous avons pensé à créer un camping. Nous l’avons entièrement équipé de sanitaires avec douches et de branchements électriques basse tension pour accueillir les caravaniers selon la charte de qualité imposée par Gîtes de France. L’heure de la traite est un moment privilégié pour lier un vrai contact avec le voyageur. Les enfants s’investissent aussi beaucoup dans les travaux de la ferme, surtout le nourrissage des poulets et des vaches. Au moment de passer à table, nous leur faisons goûter le poulet fermier à la crème, la Teurgoule (gâteau de riz traditionnel) avec une bolée de cidre et des confitures maison. Pour faciliter la digestion nous suggérons une balade dans la Suisse Normande sur les bords de Laize et de l’Orne ».

Nous ne vivons que pour notre ferme

Depuis qu’ils ont ouvert leur camping à la ferme en 1977, Marie-Ève et Claude Dumons, agriculteurs et éleveurs dans le Piémont, ne vivent que pour l’accueil. La Ferme de La Besse située à Camon en Ariège a aménagé un grand camping avec animations où les animaux tiennent plus que jamais leur place : « Notre terrain compte 50 emplacements nus pour tentes et caravanes, 13 chalets qui surplombent les champs de bovins, 6 mobil-homes et 3 bungali. Pour le confort de tous, nous avons aménagé un sanitaire handicapé, une salle commune, des terrains multisports, de volley-ball et de football, mais aussi un tennis et une piscine. Ces équipements, qui ne sont pas indispensables dans un camping à la ferme, permettent au client d’avoir tout sur place. Malgré le développement de notre activité touristique, nous cultivons toujours nos 200 hectares de cultures fourragères pour nourrir les vaches, les cochons, les poulets, les cannes et les pintades. Nos laboratoires permettent d’élaborer les spécialités de la ferme que sont les croustades aux pommes, les volailles et les cochonnailles. On les retrouve dans les paniers pique-niques des campeurs qui partent chaque mardi matin en randonnée pédestre avec mon mari qui est guide homologué. Le jeudi soir, ils se retrouvent à nouveau pour la visite de la ferme. Le réseau « Bienvenue à la ferme » référence nos différentes formules d’accueil à travers le goûter, la vente de produits fermiers et la ferme pédagogique. Nous ne vivons que pour notre ferme. Par passion, nous faisons tout nous-même et n’avons aucun salarié. C’est agréable de travailler en famille. Nos enfants qui font des études d’animation et de tourisme nous encouragent à investir davantage. C’est pour cela que nous souhaitons aménager 5 chambres d’hôtes. Face au succès des soirées dégustation, nous prévoyons également d’ouvrir une auberge rurale, et ma fille organisera prochainement des week-ends à thèmes ».

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